Victor Wembanyama (1/5) : avant le phénomène Wemby et la "Wembamania", il y a Victor

"Je pense que chacun doit être le personnage principal de sa propre histoire. La vie, c'est tout ce qu'on a, donc pas moyen de la gâcher", a dit un jour le jeune homme. Victor aurait pu être un gamin comme beaucoup d'autres, un gamin de banlieue parisienne, la banlieue ouest, plutôt calme et aisée.
Il est né au Chesnay, dans les Yvelines, à quelques encablures du château de Versailles. C'est là qu'il grandit, vite avec sa sœur Eve, son petit frère Oscar et des parents sportifs, de haut niveau. Son père, Félix, est un ancien athlète, spécialiste du triple saut, originaire du Congo. Sa mère, Élodie est une ancienne basketteuse, membre de l'équipe de France, devenue entraîneuse pour les enfants, au Chesnay.
C'est là que Victor déboule, qu'il découvre le ballon orange. Ce n'est pas une question de taille, non, pas encore, c'est juste une évidence. Victor est déjà à part. À 5 ans, tout le monde pense qu'il en a le double. Victor est grand, mais pas seulement. Il se distingue assez vite, comme se souvient son premier entraîneur au Chesnay, Emmanuel Savarasse : "Il faisait déjà des choses que des enfants de 11-12 ans pouvaient faire, sauf que lui, il avait huit ans."
Touche à tout, il aime le basket, mais pas que. Entre deux montages de Légo Star Wars, Victor pratique d'autres sports et son truc, c'est le foot. À 10 ans, le petit Victor est déjà très grand. Il est gardien de but et il met déjà trois têtes aux petits enfants qui lui servent de coéquipiers. Victor aime le foot, mais il y a le basket, les matchs de NBA qu'il regarde parfois sur des sites pas très légaux ou les résumés, le matin au réveil. Il rêve d'Amérique et sur le terrain les choses commencent à devenir sérieuses. Le Chesnay est devenu trop petit, alors Victor va aller à 15 kilomètres au Nord, à Nanterre, place forte du basket de l'ouest parisien.
Vers 12-13 ans, raconte-t-il, il comprend ce que signifie être un joueur de très haut niveau. "J'ai compris que j'en étais capable et que si j'en étais capable, il fallait le faire." À la JSF Nanterre, ils ont tout de suite compris que des Victor, il n’y en a pas cent qui entraient dans les gymnases toutes les semaines.
"Au basket, être grand, ça ne veut pas toujours dire précocité et surclassement. Lui, c'est un cas vraiment à part."
Frédéric Donnadieu, formateur à la JSF Nanterre
Frédéric Donnadieu alors formateur au club, a un peu eu l'impression de voir débarquer Harry Potter, l'élu : "À l'époque j'avais appelé mon père pour lui dire : 'Je viens d'entraîner un jeune et je n'en entraînerais jamais un deuxième comme ça'".
Le ciel est déjà sa limite. Wemby est un joyau brut, mais pas du quartz, du diamant, genre Youkounkoun [nom du diamant fictif présenté comme "le plus gros du monde" dans le film Le Corniaud]. Il dispute son premier match professionnel à 15 ans, sous le maillot de Nanterre. Il est meilleur espoir à 17 ans. Puis il rejoint la légende Tony Parker à l'Asvel, avant de revenir près de Paris, à Levallois sous les ordres de Vincent Collet, alors sélectionneur national, pour préparer au mieux son décollage vers la NBA. Mais toute cette histoire, c'est la sienne, pas celle de ses parents. C'est Victor qui a voulu devenir Wemby. "Le basket, mon projet c'était d'être au plus haut niveau. Ils ont tout fait pour me permettre d'y arriver", confie-t-il.
"Si aujourd'hui je leur dis que je veux plus faire de basket, que je veux être expert-comptable, ils vont faire tout leur possible pour m'aider à être expert-comptable."
Victor Wembanyamaà franceinfo
Expert-comptable aurait pu être une option sérieuse pour Victor qui a décroché son bac ES mention assez bien avec un an d'avance. Des bases en économie plutôt utiles pour celui qui est devenu Wemby et qui doit gérer un compte où les dollars arrivent désormais par millions.
Francetvinfo